L OISEAU DES VACANCES
Sur une branche de bois mort
Le dernier oiseau de l'été
Se balance
Dernier dimanche en ce décor
Où meurt le sourire enchanté
Des vacances
Dernier soleil qui vous salue
Et qui s'éclipse au fond des nues
Dans sa gloire
Demain sera fini l'amour
Et nous n'aurons plus les beaux jours
Qu'en mémoire
À quoi bon dire : « à l'an prochain »
Quand on n'est pas du tout certain
D'être ensemble
La vie se plaît à séparer
Ceux qui dans le bonheur d'aimer
Se ressemblent
Et puis les jours et les saisons
Tout comme l'amour et les chansons
Sont volages
Ce soir ton cœur est là, fidèle
Oui mais demain plus d'hirondelle
Sur la plage
Non il n'est jamais revenu
Le temps béni, le temps perdu
Triste chose
Le temps de mes premiers émois
Qui fleurissaient comme les lilas
Et les roses
Pourtant le soleil avait dit :
« Je reviendrai après la pluie
De décembre »
L'hiver a quitté son linceul
Et je demeure là toujours seul
Dans ma chambre
À mélanger des souvenirs
À ne savoir lequel choisir
Passent les heures
À se dire « il faut être fou
Pour en rire ou bien après tout
Qu'on en pleure
Cela n'est pas très important
J'avais quinze ans, vingt ans, trente ans
Que m'importe »
Disons-nous pour nous consoler
Qu'on a bien fait de s'envoler
De la sorte
J'entends alors comme une voix
Qui murmure je ne sais pourquoi
Des rengaines
Toutes me redisent dans leur refrain
Ces mots qui me font à la fin
De la peine
« Que viens-tu chercher en ces lieux
Toi qui cent fois fis tes adieux
À l'enfance
C'est toi la branche de bois mort
C'est toi l'oiseau, la mer, le port
Les vacances… »