La splendeur vide
J'ai construit dans mon âme
Un merveilleux palais
Plein d'odeurs de cinname
Plein de vagues reflets
Saphir, ambre, émeraude
En couvrent les piliers ;
En silence il y rôde
Des lions familiers
Dans l'ivoire des coupes
Sur les tapis profonds
Des monarques par groupes
Y boivent les vins blonds
Isolés comme une île
Les murs s'en vont plongeant
Dans la nappe tranquille
D'un lac de vif argеnt
Et tout semble immobile
Et pourtant tout grandit
S'élargit, tachе d'huile
Monte et s'approfondit
Et de l'onde muette
Et du palais sans bruit
Un feu qui se projette
De plus en plus reluit
Mais, à ce qui m'enchante
Deux choses font défaut :
Là-dedans rien ne chante
Le ciel est noir là-haut
Oh ! pour un son de lyre
Oh ! pour le moindre azur
Je laisserais porphyre
Perles fines, or pur
Mais le seul qui les donne
L'amour doux et cruel
M'interdit ma couronne
D'harmonie et de ciel
Et plus tout luit, tout monte
Tout devient vaste et beau
Plus la douleur me dompte
Plus je suis un tombeau