LE PHARMACIEN
Derrière sa vitrine aux flacons d'or bleu
Dans son officine, bien méticuleux
Sur sa p'tite tartine de vie, déjà vieux
Le pharmacien rime avec son sérieux
Sa petite vie s'est arrêtée là
Derrière la vitrine qu'avait son papa
Et puis, sans élan, d'un tout petit saut
Il a fait son trou et a pris le chaud
Devant ses remèdes, sensible et frileux
Comme ses ancêtres, il fait de son mieux
Vend ses aspirines au prix indiqué
Et met ses tampons de sécurité
Il vote, il vivote et même il pense
Tranquille marmotte pliée sur sa panse
Peut être s'est-il vu dans une autre vie
Poète, boxeur ou peintre maudit
Sans d'autre ambition que d'être tranquille
Il prend des actions dans la camomille
Et puis, il s'endort d'un petit sommeil
Pas loin des ampoules et de ses bouteilles
Derrière sa vitrine aux bonbons au miel
Dans son officine sans une étincelle
Avec un p'tit cri, tenant son missel
Le pharmacien meurt et devient éternel
Sa petite vie s'est arrêtée là
Derrière la vitrine qu'avait son papa
Et puis, sans élan, d'un tout petit saut
Un autre est venu pour prendre le chaud
Derrière sa vitrine aux flacons d'or bleu
Dans son officine, presque granuleux
Comme un vieux caniche au bout de sa laisse
Le pharmacien rime avec tiroir-caisse