L’Enfant Sorcière
Elle était l'enfant d'une famille très orthodoxe et fière
D'une premère union, elle ne voulait pas dire sa prière
À l'église, elle avait peur de l'homme noir dans sa chaire
Et comme elle montrait cette aversion pour le service divin
Elle fut confiée à l'homme noir, un homme dur, afin
Que le Seigneur pût conduire son œuvre triste à bonne fin
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière
Refusant le plan conçu pour elle par l'Insondable Maître
Elle s'est enfuie, on l'a trouvée en haut du bois de hêtres
Son habit de pénitente avait passé par-dessus tête
Elle fascinait les truites prudentes de la rivière
Charmait les oiseaux, menait son jeu avec une vipère
Elle fut reprise et enfermée au presbytère
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière
Elle se glissa dehors, enfant de fée ou de lutin
Dans une petite fosse creusée dans les haricots du jardin
On l'a retrouvée mouillée de rosée du matin
Il y a eu grande tristesse parmi notre petit nombre
Au moment où le cercueil allait descendre dans la tombe
On a entendu un cri venant du royaume des ombres
Par le chirurgien, le couvercle de bois fut enlevé
En nous regardant, la petite morte lentement s'est levée
Poursuivie par les enfants, comme une chatte elle s'est sauvée
Elle s'est effondrée sans vie en haut, en haut du bois de hêtres
Les enfants l'ont cajolée dans l'espoir de la faire renaitre
Le sacristain dans le vent faisait résonner sa clochette
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière
Sous les ronces et le lierre est la tombe de l'enfant sorcière