Une nuit

François Hadji-Lazaro

Tu n'as plus sur toi qu'un sous-pull vert
Et tu cherches ta clope qui est sous ton nez
Moi je suis sur le pieu, nu comme un ver
A regarder ton sexe se déplacer

La lumière du salon éclaire la chambre
La flamme du briquet allume tes yeux
Et tu souffles vers le ciel, tu te cambres
Tu es très belle et je me sens très vieux

Ta culotte, petite boule, traîne au pied du lit
Pour fumer tu t'assieds sur les draps blancs
Je t'effleure juste le dos et tu souris
Un sourire de chaleur, tranquille et puissant

Tu t'relèves comme un ressort pour écraser ta clope
Tu lèves tes bras et ton sous-pull s'envole
Je vois tes seins de neige en kaléidoscope
Ton nombril tendu demande son obole

J'ai chopé tes chevilles et je tire un bon coup
Tu t'étales sur moi en un rire de môme
Nous sommes tête bêche, ta cuisse dans mon cou
J'ai ta fesse, la gauche, dans ma paume

Tu pivotes en silence et si doucement
Nos peaux s'échangent, se frottent, se croisent
J'ai maintenant ta langue qui force mes dents
Je la reçois ému, elle sent la framboise

Mes doigts courent dans ton dos, de ton cou à la raie
Je ne peux m'empêcher d'avoir le premier râle
Tu me regardes, heureuse et fière de ton effet
Je te serre à briser ta colonne vertébrale

Nous ne sommes qu'un être, aux souffles mélangés
T'as frémi d'une épaule et mon sexe a durci
Ta langue suit mon torse et je suis terrassé
Elle descend à mon ventre et je réponds d'un cri

Je te soulève d'un coup et te mets sur le dos
Je dévore tes seins comme un repas de fête
Tu soupires en cadence et c'est le crescendo
Ta main crispée a agrippé ma tête

Tu la pousses impatiente vers ton triangle d'or
Et mes mains sous tes cuisses, j'exauce ton souhait
Dans les humidités, je lèche et je mords
Ton sexe est comme une forge et ma bouche un soufflet

Tu te redresses alors, m'entourant de tes bras
Et je sens tes cheveux qui frottent dans mon dos
Tu m'appelles doucement et tu me tires vers toi
Je te bouscule un peu et t'embrasse au kilo

Tu me pousses en douceur, je murmure "tu es belle"
Tu es au-dessus de moi, tendue sur tes deux bras
Tu brilles dans l'ombre pâle et tu sens la canelle
Tes yeux me dévisagent et glissent vers le bas

Ils fixent mon piquet qui palpite impatient
Reptile, tu es dessus et ta bouche l'entoure
Mes mains agrippent tes cheveux en criant
Tes lèvres, entre deux tours, me disent des mots d'amour

Je ne veux pas tout d'suite et je te tire vers moi
Nos langues se rejoignent et nos mains sont fébriles
Tu t'accroches, naufragée, à ma paire de noix
Mon pouce joue, habile, de ton bouton fragile

Mon index en orbite autour de ton cratère
Tu t'accroupis sur moi, en gémissements sourds
Tu as chopé mon sexe qui demande la guerre
Et c'est toi qui l'enfiles et qui te fais l'amour

Je pilonne ton bassin comme un taureau furieux
Tu resserres tes jambes, rien ne te désarçonne
Et brusquement tout sort, tel un volcan en feu
Tu hurles ta victoire, moi aussi, je ronronne

Et nous restons tendus dans un film arrêté
Puis tout doucement nous glissons l'autre vers l'un
Nos cœurs sont en rythme et nos mains accrochées
La mort pourrait venir ça ne serait rien

On se frotte la joue comme deux petits chatons
J'ai tes jambes dans les miennes, bien au chaud
Je te demande, inquiet, si t'as trouvé ça bon
Tu souris sans répondre et je me sens idiot

Une bise sur le nez est le signe de la fin
Tu t'étires magnifique, te remets contre moi
Je cale une de tes mains sur l'un de tes seins
Il faut dormir maintenant, le matin est d'jà là

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