Est-ce qu'on est mieux ici qu'ailleurs?
Est-ce qu'on est mieux ici qu'ailleurs?
Est-ce que c'te vie c'est le bonheur?
J'en sais rien, j' m'en fous, d'ailleurs...
Y a ces sal'tés d'impôts à payer,
Y a la bagnole à réparer,
Faudra m' rach'ter des souliers.
Y a cette toux qui ne veut pas passer,
Ces sèches dont j' peux plus m' passer,
L' loyer qui va augmenter.
Y a cette nana qu' j'ai rencontrée
Au bal de la nouvelle année,
Qu' est pas foutue d' me lâcher...
Est-ce qu'on est mieux ici qu'ailleurs?
Est-ce que c'te vie c'est le bonheur?
J'en sais rien, j' m'en fous, d'ailleurs...
Y a l'usine où j' vais chaque matin,
Pas bien réveillé, pas malin,
Comme on dit, gagner mon pain.
Faut fermer sa gueule, faire son turbin,
S'écraser, bouger ses mains,
Ça ira p't-être mieux demain.
J' journal me parle de guerre au loin,
De crises auxquelles je n' comprends rien,
Puis y a mon père qui a mal aux reins...
Est-ce qu'on est mieux ici qu'ailleurs?
Est-ce que c'te vie c'est le bonheur?
J'en sais rien, j' m'en fous, d'ailleurs...
Y a les maisons perdues dans l' brouillard,
Avec, chacune, sa mémoire,
Sa porte, ses fenêtres noires.
Y a les copains, au bistro, le soir,
L' vieux qui raconte ses histoires,
Et nous, comme des cons, qu'on s' marre.
Puis y aura l' bal du sam'di soir,
On pourra s'accrocher au bar,
Et passer la nuit à croire
Qu'on est bien mieux ici qu'ailleurs,
Et que c'te vie c'est le bonheur,
Croire qu'on est les meilleurs,
Mais finalement...
Est-ce qu'on est mieux ici qu'ailleurs?
Est-ce que c'te vie c'est le bonheur?
J'en sais rien, j' m'en fous, d'ailleurs...