Les matins ordinaires
Ce soir j'écris dans un journal
Pour être sur de bien te raconter
Quand tu auras deux fois mon âge
Les cheveux gris, la peau ridée
Qu'es que tu vie ce n'est pas normal
Ça ne devrait juste pas existé
Et je tourne soigneusement les pages
Pour être sur de ne pas te réveiller
Non, j'vais pas te cacher
Une larme coule sur ma joue
Quand je regarde ton teint pâle
Voilà que ma vue redevient flou
Je me dis comment aise j'ai fait
Pour te donne autant d'espoir
Et se courage donc t'a besoin
Pour ne pas larguer les amarres
Ce qui devait être un matin
Bien ordinaire comme tous les autres
C'est transformer en un chagrin
Faut pas chercher à qui la faute
T'avais mis ta p'tite jupe à pois
Celle que grand-mère t'avais donné
Deux bas même pas de la même couleur
Ton chandail rose et ton collier
Et j'ai brossé tes longs cheveux
Frisés blonds comme un champ de blé
Je t'ai embrassé sur la joue
J't'ai préparé ton déjeuner
Tu m'as regardé dans les yeux
J'ai cru que j'allais m'y noyer
À chaque fois mon cœur fait trois tours
Et bon aller il faut y aller
Comme chaque matin ordinaire
J'te laisse pour aller travaillé
Mais ce matin ce n'est pas pareil
Je pense à toi toute la matinée
Comme si avais au fond de moi
Comme une drôle d'impression
Midi moins quart le téléphone
C'est là qui arrive le grand frisson
Ça ne fessait pas encore un an
Que t'avais fini les traitements
Ce qui aurait dû te guérir
Selon les dires des sarraus blancs
Et de te voir ainsi souffrir
Moi ça m'avait rendu malade
Je pensais bien que c'était fini
Voilà que mon cœur bat la chamade
Encore une fois sur l'oreiller
On a retrouvé tes cheveux
Encore une fois on a pleuré
Mais qu'es qu'on fait au bon dieu
D'ailleurs tu vois je les ai gardé
J'suis incapable de m'en défaire
Juste de ne plus pouvoir brosser
Ce champ de blé devenu désert
Cette fois ci tout avais changé
Adieu les matins ordinaires
Faut croire qu'on avait ça à vivre
Ça fait grandir, évolué
Toi avec ton air de gamine
T'arrive à me dire de ne pas m'en faire
Tu ne nous envois pas d'épreuves
Qu'on ne pourrait pas surmonter
Ce soir si tu lis ce journal
Que je ne suis plus à tes côtés
C'est que tu as deux fois mon âge
Les cheveux gris la peau ridée
C'est aussi que t'es la plus forte
Et que je suis fière d'être ton papa
D'autres matins frappent à ta porte
Et plus aucun comme ce matin là