Le paon
Il va sûrement se marier aujourd'hui
Ce devait être pour hier
En habit de gala, il était prêt
Il n'attendait que sa fiancée
Elle n'est pas venue
Elle ne peut tarder
Glorieux, il se promène
Avec une allure de prince indien
Et porte sur lui les riches présents d'usage
L'amour avive l'éclat de ses couleurs
Et son aigrette tremble comme une lyre
La fiancée n'arrive pas
Il monte au haut du toit
Et regarde du côté du soleil
Il jette son cri diabolique:
Léon! Léon!
C'est ainsi qu'il appelle sa fiancée
Il ne voit rien venir et personne ne répond
Les volailles habituées
Ne lèvent même point la tête
Elles sont lasses de l'admirer
Il redescend dans la cour
Si sûr d'être beau
Qu'il est incapable de rancune
Son mariage sera pour demain
Et, ne sachant que faire
Du reste de la journée
Il se dirige vers le perron
Il gravit les marches
Comme des marches de temple
D'un pas officiel
Il relève sa robe
À queue toute lourde des yeux
Qui n'ont pu se détacher d'elle
Il répète encore une fois la cérémonie