HALL 4
Hall 4
Il te va comme un gant ce collier de perles noires.
Assis dans l’aéroport, dans mon casque : « Bad Card ».
Mon pied claque la mesure sur le sol clean du Hall 4,
Je me demande ce que toi t’écoutes, mon vol a du retard.
Je coupe le téléphone, tombe le casque et m’étire,
L’idée du crash me traverse l’esprit et le vide m’attire.
Les haut-parleurs bavent une annonce aquatique,
Y a du taf pour les concepteurs d’enceintes d’espaces publics.
C’est le troisième regard qu’on s’échange en 22 secondes,
Je jongle de fantasmes honteux et la fièvre m’inonde.
Mais je retourne à mon écran, abrutir mon cerveau,
Je suis agenda, Mappemonde, boîte de com’ de mon égo,
Autoportrait filtré, critique gastronomique,
Espion de la vie naze des autres, commentateur politique.
Mais putain l’homme régresse, c’est la mort animale !
Attiré par la 5G comme un chien à la couenne.
Elle s’est levée de son siège, a fondu dans la foule,
Hé adieu chimère filante ! Ma patience s’écroule.
Un oeil sur la cafèt et mon ventre réclame,
Je casse mon billet de 10 pour un Daunat à 6 balles.
Hall 4
Encore une escale,
Détourner mon crâne,
Panser mes plaies sur le tarmac,
Crasher nos nuits sur mes vols secs.
Jeter le bagage,
Braquer des cockpits,
Remplir mes peines de kérosène,
Planter les nuits de mon amazone.
Sous les grands néons blancs, les écrans noirs indiquent
Encore une heure à tuer, je trace vers la boutique.
Ces magazines de sports me rappellent hier,
Je volais des « 5 Majeurs » pour pécho les posters.
Et la smoking zone accueille mon corps goudron,
J’aime tant pointer des clous de cercueil, fossoyer mes poumons.
Ce briquet était le tien, ce souvenir m’appartient,
Je pense à nous, t’avais raison, souvent les retards niquent les liaisons.
C’est dans le cendrier que mon coeur brûle d’émotion,
Mais ça ferait bien trop cliché de pleurer tout seul sous les avions.
Je me persuadais de voler vers toi oubliant ce simulateur,
Mais j’avançais à contresens, trop lentement, dans l’escalator.
L’embarquement est annoncé, j’fais la queue pour une autre histoire.
Mes regrets calés en soute, j’monte en cabine un sac d’espoir.
