Le Progrès

Jean Bertola, Georges Brassens

Que le progrès soit salutaire
C'est entendu, c'est entendu
Mais ils feraient mieux de se taire
Ceux qui disent que le presbytère
De son charme du vieux temps passé n'a rien perdu
N'a rien perdu

Supplantés par des betteraves
Les beaux lilas! les beaux lilas!
Sans mentir, il faut être un brave
Fourbe pour dire d'un ton grave
Que le jardin du curé garde tout son éclat
Tout son éclat

Entre les tours monumentales
Toujours croissant, toujours croissant
Qui cherche sa maison natale
Se perd comme dans un dédale
Au mal du pays, plus aucun remède à présent
Remède à présent

C'est de la malice certaine
C'est inhumain! c'est inhumain!
Ils ont asséché la fontaine
Où les belles samaritaines
Nous faisaient boire, en été, l'eau fraîche dans leurs mains
Fraîche dans leurs mains

Ils ont abbatu, les vandales
Et sans remords, et sans remords
L'arbre couvert en capitales
De noms d'amants. C'est un scandale!
Les amours mortes n'ont plus de monuments aux morts
Monuments aux morts

L'a fait des affaires prospères
Le ferrailleur, le ferrailleur
En fauchant les vieux réverbères
Maintenant quand on désespère
On est contraint et forcé d'aller se pendre ailleurs
Se pendre ailleurs

Et c'est ce que j'ai fait sur l'heure
Et sans délai, et sans délai
Le coq du clocher n'est qu'un leurre
Une girouette de malheur
Ingrate patrie, tu n'auras pas mes feux follets
Mes feux follets

Que le progrès soit salutaire
C'est entendu, c'est entendu
Mais ils feraient mieux de se taire
Ceux qui disent que le presbytère
De son charme du vieux temps passé n'a rien perdu
N'a rien perdu

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