Internaute
Solitaire
Je me terre
Sous la terre
De mes mots
La console
Qui m’isole
Se désole
À huis clos
Le temps d’un mot de passe à la portée du doigt
Et me voici tournant autour de ma planète
Où des milliards d’amis me font signe… On m’attend!
Et je plonge
Et je plonge au hasard dans l’océan fantôme
Et l’irréel enfin me prend dans ses bras doux
Me voici sans ennuis et sans appartenance
Et l’espace aboli fait oublier le temps
La misère
Qui prospère
Indiffère
Mon cerveau
Ma console
C’est l’école
Qui me colle
À la peau
Autrefois je voyais des voisins, des amis
J’avais des rendez-vous, des parents, une femme
J’avais les pieds soudés aux souliers du travail
Et je plane
Et je plane au-dessus du smog et des tornades
Sans horaire et sans but et mes ailes de fer
Vont au coeur du soleil en mémoire d’Icare
Et j’en reviens mordu d’azur et bardé d’or!
Cimetière
De lumière
Choix de pierre
D’air et d’eau
Les paroles
Qui s’envolent
Caracolent
Dans mon dos
J’ai trouvé dans eBay bien plus que je cherchais
Un dépotoir d’acier en orbite éclatée
Une banquise à vendre au prix du CO2
Et je roule
Je roule sur des corps que mon regard attise
Un champ de chair offerte à l’infini de l’oeil
Et j’entends, par milliers, des voix tendres qui disent:
«La nuit commence ici… Tu ne seras plus seul»
Vos prières
Planétaires
Exaspèrent
Mon ego
Leurs paroles
Qui cajolent
S’étiolent
Sans écho
J’ai collé mon plasma au plasma des pixels
Je suis le maître enfin des bourreaux ordinaires
Et je sens que j’acquiers des attributs divins
Et je tombe
Et je tombe du haut des plus anciens vertiges
Vous parlez mais vos voix ne me parviennent plus
Je rêve que je bois, rien ne saurait m’atteindre
Je me sens devenir de moins en moins… humain
Solitaire
Je me terre
Sous la terre
De mes mots
Ma console
Qui m’isole
Me désole
À huis clos
Seul sur terre…