Chanson Tendre

Francis Carco. Jacques Larmanjat

En souvenir de nos vingt ans
Par ce beau matin deprintemps,
J'ai voulu revoir tout là-bas,
L'auberge au milieu des lilas.
On entendait dans les branches,
Les oiseaux chanter dimanche
Et ta chaste robe blanche,
Paraissait guider mes pas.

Tout avait l'air à sa place,
Même ton nom dans la glace,
Juste à la place où s'efface,
Quoi qu'on fasse,
Toute trace..
Et je croyais presqu'entendre
Ta voix tendre murmurer
"Viens plus près"

J'étais ému comme autrefois
Dans cette auberge au fond des bois,
J'avais des larmes pleins
Et je trouvais ça merveilleux.
Durant toute la journée,
Dans la chambre abandonnée
Depuis tant et tant d'années
Je nous suis revus tous deux.

Mais rien n'était à sa place;
Je suis resté, tête basse,
À me faire dans la glace
Face à face
La grimace...
Enfin j'ai poussé la porte,
Que m'importe
N. I. NI
C'est fini

Pourtant quand descendit le soir
Je suis venu tout seul m'asseoir
Sur le banc de bois vermoulu
Où tu ne revins jamais plus.
Tu me paraissais plus belle,
Plus charmante, plus cruelle
Qu'aucune de toutes celles
Pour qui mon cœur a battu.

Tout avait l'air à sa place
Même ton nom sur la glace
Quoi qu'on fasse
Toute trace..
Puis avec un pauvre rire
J'ai cru lire:
"Après tout,
On' s'en fout."

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