Les envies d’hier
Avec eux, c'était le temps des premières fois, des rendez-vous dans les cafés, des confidences sans oreiller et des rires face à face. Duane partout la débusquait et l'amour qu'elle gardait au secret avait dit oui à tout. C'était l'été, à quoi bon se cacher ? Diane en perdait sa syntaxe, ses isthmes, ses axes, elle s'exaltait, tous les jours un peu plus, goûtait à la peau de Duane, à ses mots, ses merveilles, comme une seconde nature, comme une seconde naissance. Mais l'été a une fin. Il s'appelle absolu, cette mauvaise mère qui n'éduque à rien et surtout pas à demain. C'est un champ de ruines encore debout et qui ne le sait pas, un chemin déjà pris d'où personne ne revient. Un foutu merdier, oui, qu'on prend pour l'éternité. Duane ne sentit rien venir. Il ne voyait que les fleurs sur sa robe imprimée et le lin qui dansait ; un hommage qui, croyait-il, suffisait au quotidien. Mais l'absolu a faim ; il dévore ce qu'il a de plus cher, les envies d'hier, les désirs de demain, ses enfants... Diane était prisonnière, détenue volontaire. Elle n'avait pas prévu de se dissoudre, de s’effriter. Et les doutes la mangeait crue. [L'absolu s'était glissé dans les failles. Elle n'avait pas prévu, rien deviné. Duane ne voyait que les fleurs sur sa robe imprimée et le lin qui dansait.]