Les mots
Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,Je les mets sur des notes, le matin, mais la nuitIls tombent et je découvre, épars sur le tapis,De pauvres lettres mortes et mes idées enfuies.Pourtant j'ai essayé même le mot "amour"Dieu sait s'il s'accroche à une simple croche.Il n'a tenu que quelques heures, à peine un petit jour.Je l'ai remis dans ma poche, il servira toujours.Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,Est-elle si facile que sur elle ils s'ennuient?Ils aiment ce qui balance, ils aiment qu'on les crie,Ils ont de drôles de goûts, tous les motsd'aujourd'hui.Alors j'ai essayé de parler de la paix.Dieu sait s'il faut des rondes pour arrondir le monde!A peine avais-je écrit ce mot sur la portée,Que le mot est tombé, que la paix s'est brisée.Moi, si j'étais un mot, je m'étendrais près d'elle,Je lui ferais l'amour, je la trouverais belle.De silences en soupirs, on passerait la nuit.Ah! Si j'étais un mot sur cette mélodie.Cet air ne retient rien. Parlons de liberté,Elle qui ne supporte aucune fausse note.Déjà j'étais certain de tenir mon sujetQuand, au lieu de tomber, le mot s'est envolé.Les mots ne tiennent pas sur cette mélodie,Je les mets sur des notes, le matin mais la nuitIls tombent et je découvre, épars sur le tapis,De pauvres lettres mortes et mes idées enfuies.