Le chien
Dans le froid, la boue et le vent,Il a franchi mille monts et torrents,Dans le ciel clair et dans la fièvre de mai,Il a battu mille prés et sentiersA perdre haleine,A grande peine,Par tous les temps, il a marché.Il mangeait ce qu'il pouvait trouver,Parfois c'était des restes qu'on lui jetait,Il s'arrêtait tard le soir et cherchaitLe lit profond d'un fossé et dormaitTrois heures à peine,Pour prendre haleineAvant le jour il repartait.La route est longue pour les humains,Elle fut plus longue pour ce chien.Tête basse et pattes ensanglantées,Le chien sans race inlassablement marchait,Guettant le moindre souffle d'air, le palpant,Il espérait, dans les odeurs du vent,Y reconnaîtreCelle du maître,De son vieux maître qu'il aimait.Dans le froid et la bise qui mord,Un chien vaincu a hurlé à la mort,Trois longues nuits, mais de moins en moins fort,Dans la vallée sa plainte pèse encore,Puis en silence,La neige densePosa un manteau sur son corps.La route est longue pour les humains,Elle fut moins longue pour ce chien.