ET PEINDRE
Rêver, chercher apprendre
N’avoir que la peinture et pour maître et pour
Dieu
Tendre à la perfection à s’en crever les yeux
Choquer l’ordre établi pour imposer ses vues
Pourfendre
Choisir saisir comprendre
Remettre son travail cent fois sur le métier
Souiller la toile vierge et pour mieux la violer
Faire hurler de couleur tous ses espaces nus
Surprendre
Traverser les brouillards de l’imagination
Déguiser le réel de lambeaux d’abstraction
Désenchaîner le trait par mille variations
Tuant les habitudes
Changer créer s’astreindre
À briser les structures à jamais révolues
Prendre le contre-pied de tout ce qu’on a vu
S’investir dans son oeuvre à coeur et à corps perdus
Et peindre
De peur, de sueur, d’angoisse
Et de doute planté comme un poignard au coeur
Rester cloîtré souffrant d’une étrange langueur
Qui s’estompe parfois mais qui refait bientôt
Surface
Remplir nourrir la toile
En jouant sur les ombres et les couleurs du temps
Imposer sa vision des choses et des gens
Quitte à être pourtant maudit aller jusqu’au
Scandale
Capter de son sujet la moindre vibration
Explorer sans relâche et la forme et le fond
Et puis l’oeuvre achevée tout remettre en question
Déchiré d’inquiétude
Souffrir maudire atteindre
Les sommets de son art et de son énergie
Projetant ses démons sur la toile engourdie
Donner à l’objet mort comme un semblant de vie
Et peindre
Et peindre
Peindre comme on parle et l’on crie