Prête-moi ton tonneau
S'il m'avait dit gentimentS'il m'avait dit poliment"Fernand, prête-moi ton tonneau"Je ne me serais pas fait prierPuisque dans ma cave j'en aiJ'allais lui en faire cadeauJ'en ai bien plus qu'il n'en fautJe sais pas qu'en faireJe les remplis d'eauJe les coupe en deux, je fais des baquetsJe les coupe en vingt, je fais des cerceauxS'il m'avait dit gentimentS'il m'avait di poliment"Fernand, prête-moi ton tonneau"Mais il ne m'a pas dit çaC'est la manière qu'il n'a pasEt ça... ça ne se pardonne pas.Il est entré dans la maisonSans se servir du paillassonIl a bousculé mon cabotPuis s'est emparé d'un tonneauIl en a sifflé le bon vinQue je couvais pour l'an prochainPuis il m'a pris trois saucissonsQui se balançaient au plafondS'il m'avait dit gentimentS'il m'avait dit poliment"Fernand, prête-moi ton tonneau"Mais il ne m'a pas dit çaC'est la manière qu'il n'a pasEt ça... ça ne se pardonne pas.Ce tonneau quand j'étais petitPendant longtemps fut mon berceauPlus tard on y mit de l'eau de vieEt tout dernièrement des pruneauxIl était fait avec le boisDu bois de lit de Henri troisAvec un trou dans le mitanJe parle du tonneau évidemmentS'il m'avait dit gentimentS'il m'avait di poliment"Fernand, prête-moi ton tonneau"Je ne me serais pas fait prierPuisque dans ma cave j'en aiJ'allais lui en faire cadeauMa femme disait : Voyons Fernand,Il t'en a prêté y a dix ansEt comme elle lui donnait raisonJe l'ai chassée de la maisonElle disait en pleurnichantTout en faisant ses ballotsFernand, recompte tes tonneauxUn, deux, trois, quatre, c'est idiotCinq, six, sept, huit... j'en ai chaudParbleu c'était son tonneau.